Quelle approche pour l'Enseignement

Cette article est publié et débattu sur le Forum Tafatafa.

Ce matin, il y eut une discussion sur Radio-Canada à propos des approches pédagogiques, surtout la nouvelle (ou ancienne c'est selon, puisque ca a été déja essayée en 1920 aux US, appliquée dans certains cantons de la Suisse, commencée à être appliquée ici au Québec, et qu'il parait que c'est de Rousseau), à savoir, "l'approche par projet", qui est basée sur la théorie socio-constructiviste. En contexte, Madagascar s'essaie aussi de s'y mettre avec cette "approche par projet": des écoles-pilotes y sont déjà branchés, et les enseignants du secondaire en sont déjà bien au parfum.

En opposition donc, sur la notion (basique) d'éducation:
1- que c'est la transmission de connaissances; c'est ce qui est "traditionnelle", ou
2- que l'enfant "construit" lui-même ses connaissances; c'est la "nouvelle".



En pratique, dans (1), l'enseignant est le "détenteur" du savoir, et il va les transmettre par paquet de matières. Ca, on l'a tous vécu. Dans (2), l'enseignant est maintenant "accompagnateur", et il va aider l'enfant à découvrir, de par lui-même, tout le savoir. Donc ici, par exemple, l'enseignant va accompagner les écoliers à, disons, préparer un bon plat. Dans ce "projet", on lit les recettes, et on apprend ou on conforte, en passant, les notions de volume et poids, millilitre et milligramme, ou encore la construction grammaticale du menu, etc... (je suis moi-même un ancien normalien, mais j'ai presque tout oublié: si un pedagogue me lit ici, qu'il ou elle me corrige)

On peut y être pour ou contre, pédagogiquement, psychologiquement, philosophiquement, sociologiquement, scientifiquement, politiquement, etc... Mais je retiendrais ici deux arguments, "pour" et "contre", mentionnés lors de cette émission:
- "pour", parce que la traditionnelle est en fait "élitiste", puisque toutes ces connaissances "transmises" sont pour les élites, la transmission est faite pour les élites etc... Et surtout que certains "elites" se plaignent maintenant de la nouvelle, disant que c'est du nivellement par le bas;
- "contre", parce que ceux des milieux (dé)favorisés vont construire leur savoir sur du contexte ou un environnement "(dé)favorisé", donc cette nouvelle approche est aussi... "élitiste".

À mon avis, il est beaucoup plus préférable que l'enfant :
- construit et se motive de construire lui-même son capital du savoir: s'il a le reflexe de découvrir et de construire de par lui-même, il pourrait toujours élargir son horizon de par lui-même aussi. Surtout qu'à l'opposé, on aurait pu lui transmettre des connaissances, et des tas, qui pourraient bien ne lui être d'aucune utilité (immédiate).
- les construit à partir de son environnement existant, pauvre ou riche; surtout en pensant aux enfants de Madagascar, il faut qu'il parte de la réalité et du vécu, plutot que d'une situation idéale ou riche.

Dans tous les cas, en tant que parent, je me dois donc d'être pragmatique et compléter les lacunes de chacune de ces approches:
- si l'école va transmettre à mon enfant des connaissances, que je lui apprenne à les appliquer pour qu'il acquiert ses compétences transversales à la maison,
- si l'école va travailler plus à faire acquérir à mon enfant des compétences transversales, que je lui transmette les connaissances de base qui lui manqueraient pour qu'il puisse se chercher et se trouver de ces compétences à l'école. Au fait, ceci peut être relativement facilité par l'internet et Google... pour ceux qui ont les moyens de les avoir (juste une pensée aux enfants à Madagacar).

De plus, avec cette théorie socio-constructiviste, l'évaluation n'est plus faite par les "notes" comme dans la "traditionnelle", que l'enfant a un 20/20 s'il a bien montré, en pouvant les répéter, qu'il a acquis les connaissances transmises, mais une appréciation par l'enseignant, que l'enfant a acquis des "compétences" sociales ou transversales.

Le problème (ou danger!) que l'intervenant voyait est que, comment et sur quelle base, l'enseignant va édicter que l'écolier a maintenant acquis, par exemple, les "compétences sociales" nécessaires... quelles compétences sociales? C'est à se demander: sur des valeurs de la "gauche" ou de la "droite"? c'est-a-dire, plus "solidaire" ou plus "compétitive".

Toutefois, à mon avis, cette subjectivité de l'enseignant est un problème comparable à la même subjectivité ou partisanerie qu'on avait dans le contenu: je crois que la diversité dans les valeurs est toute aussi bien enseignée...

Update du 9 Decembre 2005 : une évaluation internationale, Trends in International Mathematics and Science Study, TEIMS 2003, a juste sorti et a montré que les élèves québecquois, de la génération "socio-constructiviste" ont vu leur niveau descendre, des 5 à 10 premiers aux 15 à 20 premiers. Je ne suis pas trop surpris, puisque le test, juste de par mon anticipation, pourrait bien être plus adéquat pour tester l'acquisition par cours "magistral" plutôt que l'acquisition "par compétence". Il me serait bien intéressant de savoir si les autres "brillants" élèves pourraient bien se débrouiller dans une situation d'acquisition "par compétence".
Rajout du 21 Juin 006 : L' "approche par compétence", ici au Québec, a été implanté depuis 2000. 6 ans plus tard, à l'heure des bilans, on s'essaie de corriger, puisque le niveau des élèves semblent avoir relativement diminué, comparativement à celui d'avant, et aussi aux autres élèves d'autres systèmes. Maintenant, on dit que, il faudrait bien quand même que la "transmission des connaissances" se fassent (aussi à l'école), avant de travailler sur les "compétences".

Il est vrai que théoriquement, et dans les premiers essais et autres projet-pilotes, cette approche dite "par compétence" semble être très bénéfique pour l'enfant, mais, dans la réalité, dans l'application en masse, les résultats sont donc mitigés, du moins ici au Québec.

Si, ici au Québec, les "connaissances" sont partout (sur internet/tv/bibliothèque/...) et qu'on a problème pour que l'enfant acquiert ces connaissances en premier lieu, il est normal de douter sur ce qu'il en serait à Mada. Mais, à mon avis personnel, il faudrait continuer à "croire" que, ce qui est important (à l'école), c'est que l'enfant acquiert les reflexes pour "apprendre" ou autres pour "fonctionner" (i-e les "compétences" ), plutôt que d'acquérir des "connaissances", qui finalement pourraient ne jamais être dans sa réalité. Je ne cesserais de répéter cette observation des américains par beaucoup de gens : les américains peuvent être "incultes" ou "sans culture", MAIS, une fois qu'ils sont intéressés sur une chose, leur connaissances sur cette chose pourraient bien dépasser celles du gros diplomé, et ce, de beaucoup.

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